Quand il faut réapprendre aux enfants à vivre comme des enfants.
Israël, son high-tech, ses falafels, son soleil, ses plages et … ses enfants de la région sud traumatisés par la permanence du danger… Une réalité qui fait parler d’elle quand des roquettes s’abattent, ou lorsqu’un tunnel creusé par les terroristes est découvert, mais qui, le silence revenu, est vite oubliée. Depuis 12 ans, l’association le projet Sderot-Boston, mené par l’association « aide aux habitants de Sderot et de la frontière avec Gaza » adoucit le quotidien de ces enfants. Plein phare sur ce projet, nécessaire, soutenu par le FSJU Israël.
« Même quand c’est calme les enfants vivent avec une peur vissée au cœur de leur être » nous explique Sveta Chitrit. Cette jeune femme de 37 ans est arrivée de Biélorussie à l’âge de 15 ans à Sderot. « On offrait alors aux immigrants des appartements à prix dérisoires. Avec ma mère, nous nous y sommes installées ». A partir de 1996, Sderot devient la cible des attaques systématiques du Hamas. Les roquettes pleuvent. La population vit dans la terreur, les enfants sont les premiers touchés. Sveta, son diplôme de gestion d’institution publique en poche décide de réagir. Elle crée en 2008 une association dont le but est de permettre aux enfants de s’échapper du rythme infernal des alertes à la bombe et de la course aux abris. « Au départ, grâce à des dons de la communauté de Boston, nous avons envoyé une vingtaine d’enfants aux Etats-Unis pendant deux semaines. Nous nous sommes rapidement rendu compte, que cela coutait énormément d’argent. Nous avons donc décidé d’organiser des camps de vacance en Israël dans des villes avoisinantes. » Très vite le projet prend de l’ampleur. Un centre de jour est mis en place pour accueillir les enfants après l’école de 16h00 à 20h00. Soutien scolaire, activités artistiques, ou simple présence, près de 250 enfants bénéficient désormais de l’encadrement mis en place par Sveta Chitrit. Le projet Boston-Sderot devient un point de ralliement pour les enfants et adolescents de la ville soumise à des tensions régulières. « le calme (toujours relatif) revenu, nous devons affronter les syndromes post-traumatiques qui se sont solidement installés. Les villes et villages israéliens qui entourent la Bande de Gaza ne sont jamais tranquilles, il faut faire avec cette réalité » explique la responsable. D’où la nécessité d’organiser ces colonies de vacance pas comme les autres. Au programme : un réapprentissage de la vie communautaire avec pour corollaire l’absence exigée des téléphones portables et autres écrans faisant barrage à la sociabilité. « Nous mettons l’accent sur les activités de groupe pour favoriser la création de liens entre les jeunes, mais aussi la découverte de leurs propres personnalités et talents. Activités physiques, théâtrales, artistiques occupent la majeure partie du temps et concourent à révéler de nombreuses qualités ignorées. Les langues se délient, on parle de ses angoisses et de ses peurs enfouies… « Aujourd’hui avec le système d’interception de missile, Dôme de fer, les enfants n’ont plus aussi peur des explosions qu’avant, cependant ils redoutent terriblement les incursions de terroristes dans leurs maisons via les tunnels. Nos équipes sont formées à gérer ce stress . »
Des équipes briefées pour contenir les frayeurs que certains (grands) enfants expriment en mouillant leur lit par exemple… « Nous avons également encadré toutes les activités faisant intervenir des jeux de ballons gonflables après les crises de panique déclenchées par le bruit que faisaient les ballons en explosant » explique la directrice en précisant que certaines activités ont pour objectif d’apprendre aux enfants à respirer, pour ne pas vomir ou s’étrangler lors d’une crise d’angoisse.
« Ces camps de vacances visent avant tout à réapprendre aux enfants à vivre comme des enfants. Pendant deux semaines, leur agenda n’est plus émaillé d’informations effrayantes, de bruits d’avions de chasse ou d’explosion. Bien sûr, cela a un coût. Grâce à l’aide du FSJU Israël, 80 enfants pourront, cette année, bénéficier de cette pause plus que nécessaire. Surtout, c’est pour eux un grand réconfort de réaliser qu’en France, des familles pensent à eux et se soucient de leur bien-être » précise Sveta.
La solidarité c’est précisément cela et c’est la spécialité du FSJU, aurait-on envie de répondre à Sveta qui l’a, en réalité bien compris…